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Le tournant cognitif en économie.
André Orléan (CEPREMAP, ENS, Paris)

Jeudi 5 février 2004

La théorie économique classique (ce qu’on appelle le modèle Arrow-Debreu) postule a priori un fort savoir commun entre les individus, sur les qualités des marchandises et sur les états possibles de la nature. Il apparait maintenant nécessaire de prendre en compte les processus cognitifs spécifiques qui permettent de se déterminer face à un environnement incertain, ce qu’on peut appeler le "tournant cognitif" en économie.

Dans ce cadre, je discuterai tout particulièrement la notion de "croyance sociale". En général la croyance collective est supposée correspondre à l’opinion majoritaire dans un groupe, soit l’opinion "moyenne". J’avancerai au contraire qu’une croyance sociale ne peut pas être pensée comme la "somme" des croyances privées. Je proposerai une nouvelle définition de la croyance collective d’un groupe, à savoir : "ce que la majorité des membres pensent qu’est la croyance collective du groupe". Je discuterai les implications de cette modélisation des croyances collectives, en montrant en particulier la nécessaire dépendance dans le contexte culturel et historique, et l’émergence d’une autonomie de la croyance de groupe, celle-ci pouvant se disconnecter de ce que les individus pensent majoritairement à titre individuel sur la réalité.